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Vervoort,
André
----Publiciste
et homme d'affaires (tramways, chemins de fer), né à Paris
le 18 décembre 1865. Issu d'une vieille famille de la noblesse
anversoise, petit-fils du célèbre avocat Charles-Henry-Amédée
Vervoort (1798-1846), André Vervoort suit ses études
aux lycées Saint-Louis et Henri IV. Vers sa vingtième année,
il débute dans la presse comme reporter à La
France Libre d'Adophe Maujan. En 1886,
il passe à L'Echo de Paris, au National,
puis à La Presse en 1889. Son beau-frère,
Henri Rochefort, lui ouvre les colonnes de
son journal, L'Intransigeant, où il milite
pour le général Boulanger.
Candidat républicain radical à Limoges aux élections
législatives de 1893, il se désiste au second tour en faveur
du radical-socialiste Emile Labussière
qui est élu. De 1895 à 1898, il prend la direction du Jour,
grâce à l'appui de son beau-frère. Après avoir
accepté un premier article favorable à Dreyfus,
nous dit Bertrand Joly, il n'hésite
pas à aller solliciter le Grand Rabbin pour continuer sa campagne.
Après le refus de ce dernier, il se lance dans la campagne antisémite.
---En
1898, il est candidat nationaliste à Montmartre aux élections
législatives. Le 10 décembre 1898, il fonde La
Dépêche de Paris, puis le 4 janvier 1899, La
Patrie Française, publications très éphémères.
En 1902, il devient directeur du Soir. En 1913,
on le retrouve rédacteur en chef de Paris-Journal
-il restera à la tête de ce journal jusqu'en 1922 - et secrétaire
de rédaction au Gil Blas, quotidien dont
le directeur, Pierre Mortier, ancien dreyfusard
semble n'avoir guère tenu rigueur de son passé à
Vervoort.
---Après
la première guerre mondiale, il dirigea une publication confidentielle,
L'Actualité. On retrouve son nom dans plusieurs
syndicats de le presse : l'association des journalistes parisiens, l'association
syndicale professionnelle des journalistes républicains français
et le syndicat général de la presse française, dont
il fut un temps le vice-président.
Un rapport de la Préfecture de police daté de juin 1889
le décrit comme un " joueur et un viveur ayant de gros besoins
financiers ". Nous ne pouvons manquer de rappeler ici les avanies
qu'il eut à subir de la part de Tailhade
dans Les Droits de l'Homme et dans L'Aurore
durant l'année 1898.
---Tailhade
l'attaqua tout d'abord violemment dans un article des Droits
de l'Homme du 5 mai 1898, intitulé " Envers et contre
tous ". En deux mots, Tailhade traitait
Vervoort de "maquereau" pour avoir, selon lui, "vendu"
sa sur à Rochefort. Grand seigneur,
Vervoort poursuivit Tailhade pour le principe,
puisqu'il ne réclama que l'insertion du jugement dans les journaux
de son choix ; ce qui eut pour effet de déchaîner l'imagination
de Tailhade qui supposait ainsi le choix
des journaux opéré par Vervoort: Les Annales
hydrographiques de la Marine, La Pêche moderne,
La Pisciculture pratique
Et pour enfoncer l'hameçon,
Tailhade publia une Villanelle dans L'Aurore
du 25 mai 1898 dont Vervoort faisait à nouveau les frais.
Ces deux textes valurent à Tailhade
une condamnation le 29 décembre 1898 (deux amendes de 300 F chacune
et 2000 F de dommages et intérêts) et le nom de Vervoort
dut être gratté de tous les exemplaires du volume A
travers les Grouins qui était sur le point de sortir. En
tout état de cause, cette partie halieutique de sa carrière
dut poursuivre Vervoort assez longtemps, si l'on en croit André
Salmon, puisqu'on le moquait encore en 1913 sur ce chapitre. En
effet, dépêché par Pierre Mortier
à l'inauguration d'un bassin nautique, il avait dû refuser
la mission à son directeur sous ce prétexte : " Oh
! Pierre, moi, dans une piscine
on rigolerait ! ".
---En marge de son activité journalistique,
il donna plusieurs romans parus en feuilleton dans plusieurs journaux
: Nini Saltimbanque, Tout à
l'Egout, La Faute de l'Abbé, Sacrifiée.
Il fit également représenter plusieurs pièces de
théâtre sous le pseudonyme de Paul
Andry : Le Camelot, 5 actes, au Théâtre
de la République ; en collaboration avec Max
Maurey, Couplets et rondeaux chantés dans
les Pétards de l'année, revue fantaisiste en 2 actes
et 4 tableaux... à Parisiana-Concert, le 24 novembre 1897 ; Trahison,
drame en 5 actes au Théâtre de la République en 1898.
A partir de 1915 et jusqu'en 1924, il publia une collection intitulée
La Brochure Populaire, dans laquelle on retrouve
ces titres : Les Juifs et la guerre ; Verdun
(écrit avec la collaboration de Jules
Poirier) ; Devions-nous occuper la Ruhr ? Des chiffres
et des faits; Peut-on abandonner la Ruhr ? La Ruhr, c'est la paix.
André Vervoort était commandeur dans l'ordre de la Légion
d'Honneur. La presse annonça son décès le 20 avril
1943, à son domicile, dans l'Eure, des suites d'une longue maladie.
© G.Picq
Sources
:
Bertrand JOLY, Dictionnaire biographique et géographique du nationalisme
français.
André SALMON, Souvenirs sans fin, deuxième époque.
C.-E. CURINIER, Dictionnaire national des contemporains, tome 4
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