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Gustave
Téry
(1870-1928)

Les
Hommes du Jour, 16 février 1918
-----Né
le 5 septembre 1870 à Lamballe, Gustave Téry fit ses études
à l'École Normale Supérieure. Professeur agrégé
de philosophie, il enseigna pendant douze ans. Comme de nombreux contemporains,
il fut attiré par le journalisme. D'abord rédacteur au
Matin et au Journal, collaborateur à
L'Action et La Raison, il
fonda en 1904, avec le pamphlétaire Urbain
Gohier, L'uvre et ce, " sans un
sou de capital ". Ce périodique, d'abord mensuel puis hebdomadaire
en 1910, entendait dénoncer les scandales du moment. Il s'attaqua
notamment à Jean Jaurès comme
en témoignent nombre de brochures mensuelles : en 1906, le lecteur
découvrait " Pour que Jaurès redevienne jauressiste
", en 1907, " Hervé-Jaurès ou l'Astrologue qui
se laisse choir sur le fumier " ou encore " Au château
de Bessoulet. Excommunié ! Jean Jaurès, bourgeois modèle
". Aristide Briand fut également
égratigné dans un supplément de L'uvre
intitulé " Aristide Briand dit
Aristide-le-cynique ", publié le 15 avril 1909. En 1911,
L'uvre participe à la campagne de dénigrement
de Marie Curie dont est victime. Si Le
Journal révélait sa liaison amoureuse avec Paul
Langevin, le bras droit du défunt
Pierre Curie, L'uvre publiait les lettres
de la jeune veuve précédées d'un édito aux
accents xénophobes signé Gustave Téry. Il présentait
Marie Curie comme " une Polonaise ambitieuse
qui s'était, pour la gloire, accrochée aux basques de Curie
et s'agrippait maintenant à celles de Langevin
". Il sera provoqué en duel par Pierre
Mortier, ami de Marie Curie et journaliste
au Gil Blas. Ce n'est pas là le seul duel
auquel participera Gustave Téry, en 1909, il fut blessé
par Laurent Tailhade qui l'avait malmené
dans un article.
------La ligne éditoriale de L'uvre
paraît aussi contradictoire que son directeur qui se montre volontiers
antisémite et xénophobe. Il donnait à lire à
ses lecteurs de 1911 un long article sur " Les Juifs au théâtre
" qui dénonçait le parti pris de la Comédie
Française de jouer des pièces d'auteurs juifs. Celle-ci
allait représenter "Après Moi" d'Henry
Bernstein. Ce journal devenu quotidien en 1915, se fait l'écho
des revendications du Sinn Féin et s'affiche comme résolument
pacifiste pendant la Première guerre Mondiale. Il publia ainsi
en feuilleton et ce, malgré la censure, "Le Feu" d'Henri
Barbusse qui décrivait sans aménité la guerre
des tranchées. Après la guerre, Gustave Téry persista
dans les contradictions : il fit campagne pour la création de la
Société des Nations, fut partisan du Cartel des Gauches
tout en se liant de sympathie avec l'Action Française. Il préfaça
et édita en 1917, "Le bottin de la diffamation. Petits morceaux
de Léon Daudet et Charles Maurras" constitué de textes
extraits pour la plupart de L'Action Française
et de La Libre Parole. En 1919, Maxime
Brenne -membre de l'Action Française- publiait "Gustave
Téry et son uvre : apologie". En 1922, Gustave Téry
faisait paraître un "Petit essai sur Guignol" et L'Odéon
jouait une de ses pièces " Les Fruits défendus".
L'année suivante, il signe "L'école des garçonnes".
Il s'agit d'un recueil d'articles parus dans L'uvre
entre 1922 et 1923 sur l'éducation des jeunes filles, suivis d'extraits
de La Chanson des gueux de J. Richepin, Madame
Bovary, de G. Flaubert, " L'Entremetteuse,
Le Voyage de Shakespeare, L'Astre noir, La Flamme et l'ombre, Suzanne
", de Léon Daudet, "La Garçonne",
de Victor Margueritte ; "Des Voluptés
de Mauve", de Gaston Picard
Il
décéda à Paris le 21 juin 1928. Il fut remplacé
par Henri Raud à la tête de L'uvre
Les
cordicoles : E. Cornély : Paris : 1902 : cote BNF NUMM-
5450576
L'instituteur et le curé : L'uvre :
Paris : 1904 : cote BNF 8- NF- 51476
Le Secret maçonnique: L'uvre : Paris
: 1905 : cote BNF FM BAYLOT IMPR- 948
Jaurès : L'uvre : Paris, 1915 : cote
BNF Z BARRES- 26402
Briey : L'uvre : Paris : 1919 : cote BNF 8-
LB57- 19390
Dr. Nelly Sanchez
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