Revenir aux notices biographiques

Rute (de) Madame
(Mme de Solms-Rattazzi-de Rute y Ginez )

(Waterford, Irlande 25 avril 1831- Paris IIe, 6 février 1902), née princesse Marie Studholmine Letizia Bonaparte-Wyse, petite-nièce de Napoléon 1er.

Photographie parue dans La Revue Universelle, année 1902, N°58, p.162

------Bien qu'appartenant à la même famille que Napoléon III, ce dernier n'hésite pas à expulser sa charmante cousine de France après son coup d'Etat de 1851. L'esprit frondeur de la jeune comtesse de Solms, ses idées libérales et ses mœurs trop légères inquiètent, en effet, le nouvel empereur. En 1853, celle-ci part s'installer en Savoie, alors territoire sarde. Elle ouvre un salon littéraire et fonde, en 1858, sa première revue : Les Matinées d'Aix-les-Bains. Directrice, rédactrice en chef, elle s'entoure de grands noms comme Victor Hugo, Alexandre Dumas, Ponsart, Arsène Houssaye, Sainte-Beuve. Elle assure la chronique du mois, donne ses notes de voyage, des traductions et des études littéraires. La revue aurait compté, en 1860, près de 3500 abonnés.

1861 sonne la fin de son exil, Mme de Solms revient à Paris. Grâce à Sainte-Beuve, elle entre au Constitutionnel et signe " Baron Stock " quelques feuilletons et des chroniques rapidement censurées par la rédaction même du journal. Sur le ton de la satire, celle-ci dévoile, en effet, les secrets et les travers de ses proches ; une pratique qui lui vaut bien des procès en diffamation et le surnom de " Princesse Brouhaha ". A la mort de son premier mari, elle épouse le comte italien Urbain Rattazzi qu'elle suit à Florence. Là, elle fonde Les Matinées italiennes, revue anecdotique artistique et littéraire, qui fait suite aux Matinées d'Aix-les-Bains, interrompue en 1861. Le contenu de son nouveau journal, davantage ouvert sur l'Europe, est plus varié : on y parle politique, économie, science. Ses collaborateurs sont français -Sainte-Beuve, Jules Claretie, Alexandre Dumas père, Anaïs Ségalas- mais également italiens avec Petruccelli della Gattina, historien et romancier. Inauguré en 1868, la revue cesse de paraître en 1873, année de la mort de son deuxième mari.

Son veuvage la ramène à Paris. Elle se lance de nouveau dans le journalisme : elle participe un temps à la Neue Freie Press de Vienne puis inaugure, en 1883, Les Matinées Espagnoles qui, à partir de 1887 s'intituleront La Nouvelle Revue Internationale européenne. Paraissant deux fois par mois, cette revue générale s'adresse à un public cultivé à qui elle offre des articles autant politiques, économiques que littéraires. Les signataires des articles sont espagnols comme le politicien Emilio Castelar, la romancière Emilia Pardo Bazan, portugais à l'instar du poète Joaquim de Araujo, de la romancière Guiomar Torrezao ou italien avec Mme Pierantoni Mancini. La directrice, devenue Mme de Rute y Ginez, assure le feuilleton de la revue, rend compte des salons artistiques, des événements mondains sous le pseudonyme " Vicomte de Tresserve ". La revue perdure jusqu'à la mort de son animatrice en 1902.

Cette figure parisienne hors du commun par sa carrière et son caractère a inspiré bon nombre de romancier comme Catulle Mendès qui, dans La Maison de la vieille (1894), trace son portrait à l'acide sulfurique sous le nom de Carla-Lola Hess Cadour ; elle fut également la baronne Dinati du Prince Zilah (1884) de Jules Claretie, et la princesse Badajoz de la Madame Meuriot (1890) de Paul Alexis.

Nelly Sanchez

Œuvres:

  • Les Matinées d'Aix-les-Bains cote Z- 4824
  • Les Matinées italiennes, revue anecdotique artistique et littéraire cote 4- Z- 457
  • Les Matinées Espagnoles cote 4- Z- 345
  • Mademoiselle Million (1863) cote Y2- 61539
  • Les Mariages de la créole (1866) cote MFILM RES P- Y2- 55 (1)
  • L'ombre de la mort. Le Roman d'Aline (1873) cote YE- 31114
  • La Grand-mère (1899) cote 8- Y2- 40971 (316)
  • L'Amour à Coppée, comédie en un acte et en vers (1900) cote 8- RF- 80898
  • L'Aventurière des colonies, drame en 5 actes, (1867) cote 8- YTH- 19561