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Peyrebrune, Georges de
(née Mathilde Georgina Elisabeth Judicis de Peyrebrune)

(1841-1917)

Mme de Georges de Peyrebrune

 

-----Fille naturelle d'un lord anglais, Georges de Peyrebrune est née en 1841 en Dordogne. Après avoir publié quelques textes dans les journaux et après un mariage raté, elle part à Paris aux lendemains de la Commune. Forte de l'appui des recommandations du député de la Dordogne, elle publie d'abord dans différents journaux des nouvelles rassemblées en 1877 sous le titre Les Contes en l'air.

Elle donne en feuilleton "Les Femmes qui tombent" dans L'Électeur (1880). Le rédacteur en chef de ce journal républicain est Tony Révillon, un de ses parrains lorsqu'elle postulera à la Société des Gens de Lettres. C'est également à lui qu'elle envoya Marco ; le roman parut en feuilleton dans La Revue des Deux Mondes en 1881. Son titre suivant, Gatienne (1882) remporte un tel succès qu'il donne lieu à une pièce de théâtre dont le rôle titre devait être joué par Sarah Bernhardt. Mais suite à quelques caprices de la comédienne, la pièce ne sera jamais montée.

Les romans suivants, Marco (1882), Victoire la rouge (1883) ou encore Jean Bernard (1883), connaissent un tel succès qu'ils hissent leur auteure au rang des femmes de lettres à la mode et lui forgent également une réputation de féministe quand ce n'est pas de socialiste. Dans Marco, Victoire la rouge, Georges de Peyrebrune dénonce, en effet, la condition féminine… A partir de 1883, elle donne à La Revue bleue la majorité de sa production romanesque, notamment Les Frères Colombe (1885), Les Ensevelis (1887), elle multiplie aussi les collaborations. Le succès de ses premières œuvres ne paraît toujours pas satisfaire son incessant besoin d'argent. Elle tient une chronique au Télégraphe, signe Marco la rubrique " Pages Brèves " et Petit Bob " Les Fruits verts " dans Le Journal, Hunedell un article dans le supplément du Figaro.

Au Parlement encore, elle tient une chronique sous le pseudonyme de Célimène ; à partir de 1883, elle donnera quelques contes aux Matinées espagnoles et collabore, en 1889, avec Mme de Rute au feuilleton intitulé "Une grande passion". En 1886, elle assure une " Chronique " dans La République française, journal dirigé par son ami Joseph Reinach.
Elle fait parler d'elle en prenant position contre la peine de mort - notamment au moment de l'exécution de l'anarchiste Vaillant en 1893 - et en rejoignant le camp des dreyfusards aux côtés de Joseph Reinach. Elle remporte un certain succès avec Le Curé d'Anchelles (1891), dont le héros sauve le fils de celle qu'il aime et dont on retrouve une variante dans la nouvelle Princesse (1894). Deux de ses œuvres sont couronnées par l'Académie française, Vers l'amour (1896) et Au pied du mât (1899).

Au début du 20e siècle, Georges de Peyrebrune a du mal à se renouveler ou à comprendre l'évolution de la société. Elle abandonne un temps les " peintures de la féminité douloureuse "(1) et développe, dans Libres (1897), une réflexion hardie, pour l'époque, sur l'union libre ; avec Une expérience (1901), elle s'essaie au roman naturaliste. Mais au fur et à mesure de ses publications, la condition féminine passe au second plan au profit d'une intrigue amoureuse. Ainsi Les Passionnés (1900) est " l'histoire d'une pauvre et douce institutrice de village que tyrannise un Monsieur appartenant à la catégorie néfaste des vieux coqs de province "(2) et Les Trois demoiselles (1905), le touchant récit " d'une belle petite infirme que l'amour émeut au point de la guérir "(3).

Passée cette date, elle cesse de publier des œuvres originales : La Margotte (1887) reparaît sous le titre Le Réveil d'Ève en 1909. La presse continue toutefois de lui demander son avis. Le Combat Périgourdin du 15 septembre 1895 nous apprend que " Mme Georges de Peyrebrune […] s'est nettement prononcée contre la culotte " de cycliste pour les femmes. En 1905, elle s'oppose à la réforme de l'orthographe :

----- «Je la trouve […] antisociale et antidémocratique. Ce n'est pas notre orthographe qu'il faut mettre à la portée du peuple, c'est le peuple qu'il faut hausser à la connaissance de notre langue dans la forme de ses mots consacrés par l'usage, la tradition et les chefs-d'œuvre de notre littérature.» (4)

Elle devient membre, en 1904, du premier jury du prix Femina et apparaît, en 1907, parmi " les plus célèbres femmes de lettres contemporaines " que présente la revue Je sais tout. Dix ans plus tard, elle décède dans le plus grand dénuement : la Première Guerre mondiale occupant tous les esprits, sa disparition passa totalement inaperçue.

©Dr. Nelly Sanchez

(1) - Camille Le Senne, Étrennes aux dames, p. 29.
(2) - Rachilde, " Les Romans ", Mercure de France, mars 1900, p. 771.
(3) - Rachilde, " Les Romans ", Mercure de France, 15 mai 1905, p. 258.
(4) - Georges de Peyrebrune, Le Beffroi 1905, p. 109.

Œuvres

  • Le Roman d'un bas-bleu : Paris : P. Ollendorff, 1892 : Z BARRES- 23998
  • Mademoiselle de Trémor : Paris : G. Charpentier : 8- Y2- 8056
  • Les Aimées : Paris : P. Ollendorff, 1895 : 8- Y2- 49044
  • Les Ensevelis : Paris : P. Ollendorff, 1887 : 8- Y2- 40191
  • Les Frères Colombe : Paris : P. Ollendorff, 1885 : 8- Y2- 8733
  • Libres : Paris : A. Lemerre, 1897 : 8- Y2- 50737
  • Une séparation : Paris : G. Charpentier, 1884 : 8- Y2- 7015
  • Victoire la rouge : Paris : E. Plon-Nourrit et Cie, 1883 : 8- Y2- 6371
  • Les Femmes qui tombent : Paris : C. Lévy, 1882 : 8- Y2- 5580
  • Gatienne : Paris : C. Lévy, 1882 : 8- Y2- 5261
  • Jean Bernard : Paris : E. Plon, 1883 : 8- Y2- 5619
  • Colombine, conte-fantaisie : Paris : Librairie des bibliophiles, 1888 : 8- Y2- 43170
  • Contes en l'air : Paris : E. Dentu, 1877 : 8- Y2- 1196
  • Princesse, conte bleu : Paris : L. Boulanger, 1894 : 8- Z- 13342 (45)
  • Tante Berthe : Paris : L. Boulanger, 1893 : 8- Z- 13342 (22)
  • Une Décadente : Paris : L. Frinzine, 1886, 8- Y2- 43987
  • Les Vierges de feu : Paris : chez tous les libraires, 1876 : 8- R PIECE- 348
  • Polichinelle et Cie : Paris : E. Plon, 1883 : MFICHE 8- Y2- 6087
  • Les Roses d'Arlette : Paris : E. Dentu, 1892 : 8- Y2- 45591 (87)
  • Marco : Paris : C. Lévy, 1882 : 8- Y2- 5097
  • Au pied du mât : Paris : A. Lemerre, 1899 : 8- Y2- 51409
  • Celui qui revient : Paris : P. Ollendorff, 1894 : 8- Y2- 48373
  • Le Curé d'Anchelles : Paris : E. Dentu, 1891 : 8- Y2- 45091
  • Deux amoureuses : Paris : A. Lemerre, 1901 : 8- Y2- 53230
  • Dona Quichotta, roman : Paris : A. Hatier, 1906 : 8- Y2- 55722
  • Et l'Amour vint ! : Paris : A. Lemerre, 1902 : 8- Y2- 53243
  • Les Fiancées : Paris : A. Lemerre, 1897 : 8- Y2- 50326
  • Laquelle ? : Paris : E. Dentu, 1888 : 8- Y2- 45064
  • La Margotte : Paris : A. Lemerre, 1896 : 8- Y2- 49738
  • Les Passionnés : Paris : A. Lemerre, 1900 : 8- Y2- 52356
  • Le Réveil d'Éve : Paris : A. Méricant, (s. d.) : 8- Y2- 57756 (1)
  • Les Trois demoiselles : Paris : F. Juven, 1905 : 8- Y2- 54939
  • Une expérience : Paris : A. Lemerre, 1901 : 8- Y2- 52851
  • Vers l'amour : Paris : A. Lemerre, 1896 : 8- Y2- 49943
  • Giselle : Paris : G. Charpentier et E. Fasquelle, 1892 : MFICHE 8- Y2- 45603