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Natanson
Alexandre, Alfred et Thadée
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-------Alexandre
Natanson par Vallotton (1899)-------Thadée
Natanson par Vallotton (1898)

Fred et Marthe par Vuillard (1900)
---------Les
trois frères Natanson, Alexandre (1867-1936),
Thadée (1868-1951) et Louis-Alfred
(1873-1932) sont les fils d'Adam Natanson
(1829-1908), lui même un des sept fils de Sélig,
commerçant et industriel, fondateur d'une banque à Varsovie.
Cette nombreuse famille juive polonaise gère les affaires de la
banque tout en s'adonnant à des activités scientifiques,
médicales, éditoriales, musicales et philanthropiques. Ludwick
(1820-1895), le second fils de Selig, est
caractéristique des intellectuels juifs de la famille : médecin,
responsable de l'action sanitaire à Varsovie, auteur de communications
scientifiques, fondateur d'uvres de bienfaisance, éditeur,
il préside la communauté juive de Varsovie de 1870 jusqu'à
sa mort ; réagissant au premier pogrom en 1881, il convainc ses
co-religionnaires d'opter pour la citoyenneté polonaise.
Adam émigre en France en 1871 avec
son frère Simon. Leurs fils sont inscrits
au lycée Condorcet où ils sont condisciples de Vuillard,
Maurice Denis, Marcel
Proust, Daniel Halévy, Lugné-Poe
Alexandre à la sortie du lycée
fait des études juridiques et prend la présidence du Cercle
des Escholiers auquel ses frères et un cousin apportent
leur soutien.
Louis-Alfred fonde en Belgique en décembre
1889, avec des amis belges et les frères Leclercq,
parisiens, la Revue Blanche. Thadée
le rejoint. En octobre 1891, la revue est rapatriée en France,
Alexandre en prend la direction et assure le financement. Léon
Blum commence à collaborer en 1892 après avoir participé
à La Conque de Pierre
Louÿs et au Banquet de Fernand
Gregh. En 1893 la revue accueille Marcel
Proust, s'annexe des lithographies des Nabis et un supplément
humoristique, Le Chasseur de chevelures ; Tristan
Bernard, le fondateur, se fait assister de Pierre
Veber, de Jules Renard et de Toulouse-Lautrec.
Thadée épouse en 1893 Misia
Godebska, fille d'un sculpteur de renommée internationale,
cousine par alliance des Natanson, pianiste exceptionnellement douée
; il rédige la chronique de la peinture, soutient les Nabis et
l'Art Nouveau. Vuillard, Bonnard,
Vallotton et Toulouse-Lautrec
deviennent des familiers de la famille et de la revue.
Il assume avec
Demange la défense de Fénéon
au procès des Trente et, après son acquittement, fait venir
celui-ci comme secrétaire de rédaction. Ses frères
et lui se passionnent pour le théâtre symboliste de l'uvre
dirigé par leur ancien condisciple Lugné-Poe
et pour Ibsen. Il s'installe à Valvins
à deux pas de la maison de Mallarmé
qui devient le maître spirituel de la revue, y publie ses
Spéculations, force les réticences de
Claudel.
Les trois frères signent en janvier 1898 la pétition de
l'Aurore pour la révision de la condamnation
de Dreyfus et engagent la
Revue Blanche par une " Protestation " et une lettre
ouverte à Barrès signée
de Lucien Herr qui devient le nouvel homme
d'influence. C'est l'entrée en politique des intellectuels, Julien
Benda et Charles Péguy. Elle
milite pour la paix avec Tolstoï et
le père de Jules Moch. Le
Cri de Paris, créé en 1897 par Alexandre
publie des dessins dreyfusards et anticolonialistes de
Hermann Paul, de Vallotton, d'Ibels
et d'autres caricaturistes.
Après le procès de Rennes, Thadée
se lance dans des affaires et dans le journalisme, et Misia
se sépare de lui. La Revue Blanche qui a
constitué une maison d'édition, atteint son plus grand éclat
avec les collaborations de Gide, de Jarry,
de Mirbeau, de Debussy,
d'Apollinaire, de Marinetti
ainsi que la publication de la traduction des Mille et une nuits
par Mardrus, du best seller Quo Vadis de
Sienkiewicz et l'Histoire de l'Affaire Dreyfus
de Jules Reinach. Le Cri de
Paris lance Cappiello.
Louis-Alfred, qui avait rédigé
pendant plusieurs années la chronique, devient auteur dramatique,
épouse l'actrice Marthe Mellot, et
se lie intimement à Jules Renard et
Tristan Bernard. Auprès de Blum,
il fera partie avec Mirbeau, Renard
et d'autres anciens collaborateurs de la Revue Blanche,
de l'équipe de rédaction de l'Humanité.
En 1902 Alexandre tombe gravement malade
et cède le Cri de Paris et la
Revue Blanche qui cesse de paraître en avril 1903.
Au cours des années suivantes, Thadée
collabore avec Mirbeau et signe avec lui
Le Foyer, pièce dénonçant les escroqueries de certaines
bonnes uvres, qui donne lieu à un procès retentissant
contre l'administrateur de la Comédie française. Ruiné,
il vend sa collection en 1908. Loucheur lui
confie pendant la grande guerre la direction d'une grande usine de munitions.
Il reste comme son jeune frère très étroitement lié
à Bonnard, Vuillard
et Léon Blum.
Alexandre vend à son tour sa collection
en 1928, avant la grande crise, et s'éteint en 1936. Louis-Alfred
meurt en 1932.
Thadée fait quelques émissions
radiophoniques en 1939, traverse la période de l'occupation sans
être arrêté, et publie en 1950 ses souvenirs sur les
peintres qu'il n'a cessé d'observer et d'admirer en trois livres
: Peints à leur tour, Le Bonnard que je propose, Un Henri de Toulouse-Lautrec.
© Rédacteur
: Paul-Henri Bourrelier.
Ouvrage de Paul-Henri
Bourrelier en préparation :
Bibliographie
- Alfred
Natanson (Alfred Athis)
- Les
Manigances, comédie en 1 acte d' Alfred Athis, Paris, Théâtre
Antoine, 3 février 1905, Paris, E. Fasquelle, 1905, 91 p.
- Vieille
renommée, comédie inédite en 1 acte d'Alfred
Athis, Paris, Extrait de Je sais tout du 15 mai 1907, pp.511-528.
- Vieille
renommée, comédie en 1 acte d'Alfred Athis, Paris,
Théâtre Antoine, 3 avril 1906, Paris, Librairie théâtrale,
1909, 70 p.
- Vieille
renommée, comédie en 1 acte d'Alfred Athis, Paris,
Paris, Théâtre Antoine, 3 avril 1906, Comédie-Française,
21 avril 1926. Paris, Stock, Delamain et Boutelleau, 1926, 57 p.
- Floriana,
pièce en 4 actes... de Tristan Bernard et Alfred Athis, adaptée
à la scène espagnole, Madrid, Théâtre de la
Comedia, 4 décembre 1907, Madrid, R. Velasco, 1907, 86 p.
(ouvrage en espagnol).
- Le
Boute-en-train, comédie en 3 actes d'Alfred Athis (Paris,
Athénée, 29 janvier 1908) Paris, Librairie théâtrale,
1908,193 p.
- Grasse
matinée, comédie en 1 acte d'Alfred Athis, Paris,
Charpentier-Fasquelle, 1908, 93
p.
- Le
Costaud des Épinettes, comédie en 3 actes, par Tristan
Bernard et Alfred Athis (Paris, Vaudeville, 14 avril 1910.) Paris, L'Illustration
théâtrale, n° 151, 4 juin 1910, 32 p.
- Les
Deux canards, pièce en 3 actes, par Tristan Bernard et Alfred
Athis, Paris, Palais-Royal, 3 décembre 1913, La Petite Illustration,
Série Théâtre, n° 35, 4 avril 1914. 40 p.
- L'admirable
Crichton, fantaisie en quatre actes par James Matthew Barrie,
adaptation française d'Alfred Athis, Paris, La "Petite Illustration"
du 24 juillet 1920. Nouvelle série n° 22, 32 p.
- A
Szer Restö úr, vigjáték három
felvonásban forditotta Heltai Jenö de Tristan Bernard et Alfred
Athis, Budapest, Lampel R., s. d., 109 p. (ouvrage en hongrois)
- Le
Foyer, comédie en 3 actes d'Octave Mirbeau, en collaboration
avec Thadée Natanson, Comédie-Française, 7 décembre
1908, Paris, E. Fasquelle, 1909. In-12, 320 p.
- Le
Foyer, comédie en 3 actes d'Octave Mirbeau, en collaboration
avec Thadée Natanson, Comédie-Française, 7 décembre
1908, Paris, L'Illustration théâtrale, n° 103, 12 décembre
1908, 48 p.
- Le
Foyer, comédie en 3 actes d'Octave Mirbeau, en collaboration
avec Thadée Natanson, s.l., 1908, 139 p.
- Léon
Blum, man and statesman, by Geoffrey Fraser and Thadee Natanson,
London, V. Gollancz ; (Paulton, Somerset, Purnell and sons), 1937, 320
p.
-
León Blum y su tiempo, (par Thadée Natanson), traducción
de José Ramón Beltrán.
Santiago de Chile, Ediciones Ercilla, 1939, 417 p.
- Pierre
Bonnard par Léon Werth, Thadée Natanson, Léon
Gischia et Gaston Diehl, Paris, les Publications techniques ; Galerie
Charpentier, 1945, 36 p.
- Le
Passager, poèmes de Claude Aubert, préface de Thadée
Natanson, Genève : C. Grasset, 1948, 63 p.
-
Peints à leur tour, par Thadée Natanson, Paris, A.
Michel, 1948, 389 p.
- Pissarro,
texte de Thadée Natanson, Lausanne, J. Marguerat, Collection Artistes
de jadis et d'aujourd'hui, 1950, 32 p.
- Le
Bonnard que je propose, de Thadée Natanson, Genève,
P. Cailler, 1951, 363 p.
- Un
Henri de Toulouse-Lautrec de Thadée Natanson, Genève,
P. Cailler, 1951, 305 p.
- Vida
y obra de Toulouse Lautrec, el arte de la "Belle Époque",
par Thadée Natanson, Buenos Aires, Centro Editor de América
Latina, 1971, 420 p.
- Un
Henri de Toulouse-Lautrec de Thadée Natanson, préface
d'Annette Vaillant, Paris, ENSB-A, 1992, 269 p.
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