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Edwards, Alfred Charles

Photographie d'Alfred Edwards. Tous droits réservés


-----Fils de l'anglais Charles Edwards, médecin personnel de Fuad Pacha au Caire, et d'Emilie Caporal, originaire de Montauban, Alfred Edwards naît à Constantinople le 10 juillet 1856. Tout jeune encore, il est envoyé à Paris pour y poursuivre des études classiques au lycée Bonaparte (Condorcet).
En 1876, recruté par Villemessant, il entre au Figaro comme reporter. C'est lui qui introduit dans ce journal le grand reportage à l'étranger à l'occasion du naufrage de la frégate L'Eurydice au large de l'Ile de Wight en 1878. En 1879, il devient rédacteur au Gaulois, où il est chef des " Echos " jusqu'en 1881.
De 1881 à 1883, il est secrétaire de rédaction au Clairon, avatar monarchiste du Gaulois, dirigé par Cornély.Parallèlement, il collabore à La France.

----Un groupe de financiers américains - S. Chamberlain et Cie - remarque ses qualités d'homme de presse et lui confie la réalisation d'un journal qui se voulait l'équivalent du Morning News anglais : ce sera Le Matin dont le premier numéro paraît le 26 février 1884 et qui durera jusqu'en 1944. Rapidement en désaccord avec ses commanditaires, il s'en va fonder un journal concurrent - Le Matin Français - qui, après à peine trois mois d'existence, fusionne avec Le Matin, sous sa propre direction. Dès lors, véritable maître des lieux - il a racheté la plupart des actions -, il va faire du Matin un journal moderne, créant un nouveau système d'informations rapides grâce, en particulier, au télégraphe, introduisant l'éditorial et faisant appel à des signatures venant de tous les horizons politiques, de Jules Vallès à Cornély, en passant par Granier de Cassagnac et Arthur Ranc.

---- Hostile au Boulangisme et au Socialisme, défendant les républicains modérés, Edwards utilisera surtout son journal dans des combinaisons politico-financières et sera éclaboussé par le scandale de Panama. Dans les années 1890, il achète le Théâtre de Paris et le casino qui lui est contigu. En 1895, il vend Le Matin à Poidatz. En 1898, il commandite un journal illustré, Le Petit Bleu de Paris. Le 2 septembre 1900, il lance Le Petit Sou, y attirant Guesde, Vaillant, Allemane etc. Rapidement, il s'avère qu'Edwards a monté ce titre dans le but unique de concurrencer le journal socialiste La Petite République qui soutient la participation des socialistes au gouvernement Waldeck-Rousseau, beau-frère honni d'Edwards. A la chute du ministère, il saborde Le Petit Sou, qui ne lui sert plus à rien.

----A la même époque, il prend la direction du Soir. Après 1910, on retrouve son nom parmi les rédacteurs du Gil Blas. Parallèlement à sa carrière de journaliste, Edwards s'essaie à la rédaction de petites comédies, certaines représentées au Grand-Guignol. Le 26 mars 1906, il donne une opérette, " Par Ricochet ", au Théâtre des Capucines. Très porté sur la gente féminine, il se mariera successivement à Mlle Drouart, Hélène Bailly, Jeanne Charcot et Misia Godebska. En 1910, il épouse Mathilde Fossey, comédienne bien connue sous le nom de Lanthelme, qui se noiera mystérieusement lors d'une croisière sur le Rhin, le 25 juillet 1911. Après avoir acheté une maison flottante sur laquelle il voyagera en France, il acquiert l'ermitage de Rousseau à Montmorency et l'hôtel particulier de Polydore Millaud, fondateur du Petit Journal.
Chevalier de la Légion d'Honneur depuis 1887. Il a laissé chez ses contemporains une fort méchante réputation de grossièreté et de goujatisme. Pour s'instruire sur ce travers, il n'est que de lire le " Journal " de Jules Renard ou encore le " Petit Carnet Rouge " de Sacha Guitry, qui relate une entrevue entre Edwards et le général Picquart, alors ministre de la Guerre. Il meurt le 10 mars 1914.

Sources :


LE CHOLLEUX, Revue Biographique des notabilités françaises contemporaines, tome 3, Paris, Ch. Le Rosey, 1892, pp.332-333.

ROMAN D'AMAT, M. PREVOST, H. TRIBOUT DE MOREMBERT.... , Dictionnaire de biographie française, tome 12, Paris, Letouzey et Ané, 1968-1970.

BELLANGER, GODECHOT…Histoire Générale de la presse Française, tome 3. Paris, PUF, 1972.

A.GOLD & R. FIZDALE, Misia, Gallimard, 1981.

Œuvres :

4e acte de la Princesse de Bagdad, parodie précédée d'une conférence de M. Henry Céard, édition unique, Montmorency : château de l'Ermitage, 1895, In-18, 39 p., représenté à la Scène de l'Ermitage le 12 juillet 1895. Cote BnF (Richelieu - Arts du spectacle) : 8- RF- 41465.

Dans la haute, comédie représentée au Grand Guignol en 1900.

Calomnies policières de la " Petite Voleuse ", contre le directeur politique du Petit Sou. Première série. Tous les documents, y compris ceux relatifs aux grévistes du Creusot, volés par la "Petite voleuse" , Paris : au journal "le Petit Sou", 1901, In-18, IV-185 p.
Cote BnF (Tolbiac - Rez-de-jardin) : 8- LB57- 13051 & 8- LB57- 13407 .

Par ricochet, Paris, éditions de la Nouvelle Revue, 1906, In-12, 65 p. Cote BnF : MFICHE 8- YTH- 31886.

Perroquets perdus, comédie représentée au Grand Guignol en 1907.

La Poire en deux, comédie représentée au Grand Guignol en 1912.

Clique-claques... Album de romances illustrées sur les célébrités contemporaines, Paris, J. Schmit, 1912, . In-4 °, 37 p. Cote BnF (Richelieu - Arts du spectacle) : 4- RT- 5383.

© Gilles Picq