|
Dieulafoy,
Jane
(née Magre)
Photographies
parues dans la revue Touring, n°938, septembre 1981, pp.19-20
------Dernière-née
d'une famille de riches bourgeois commerçants, Jane est née
le 29 juin 1851, à Toulouse. Elle est scolarisée au couvent
de l'Assomption d'Auteuil, où elle acquiert une solide culture
gréco-latine et développe des talents pour le dessin et
la peinture. En 1869, à sa sortie du couvent, elle fait la connaissance
de Marcel Dieulafoy (1844-1920), jeune
ingénieur des ponts et chaussées, passionné d'art
et d'archéologie. Ils se marient le 11 mai 1870.
------Au lendemain de la guerre franco-prussienne,
Marcel a la charge des édifices municipaux et des monuments historiques
de Toulouse, puis devient architecte des monuments historiques sous
la direction de Viollet-le-Duc. En 1879,
le couple Dieulafoy décide de partir en Perse pour réaliser
un projet tenant particulièrement à coeur Marcel : y chercher
les origines de l'architecture occidentale. Entre 1881 et 1882, ils
photographient, relèvent, répertorient tous les monuments,
ponts, digues, mosquées qui jalonnent les routes de Tauris à
Téhéran puis de Ispahan et Chiraz. Pendant les 14 mois
que dure ce périple, Jane tient " son Journal ", prenant
des notes, des photos et des croquis sur tous les aspects du pays qu'elle
traverse, archéologique aussi bien que sociologique. De retour
à Paris, elle met au propre le récit de ce voyage qui
paraît en feuilleton dans la revue Le Tour du
monde, de 1883 à 1886. Le succès de cette relation
de voyage est immédiat, elle paraît en oeuvre complète
en 1887 sous le titre La Perse, la Chaldée, la Susiane chez Hachette.
------Fin 1883, les Dieulafoy repartent
pour la Perse pour fouiller la cité de Suse. Ils mettent à
jour la frise des lions, la rampe d'escalier du palais d'Artaxerxès
puis la célèbre frise des Archers qui sont ramenés
en France et exposés au Louvre. Le 20 octobre 1886, lors de l'inauguration
des deux salles Dieulafoy au Louvre, le ministère de L'Instruction
publique la décore de la croix de la Légion d'honneur.
Deux ans plus tard, elle publie le journal de cette mission sous le
titre A Suse, journal des fouilles 1884-1886 chez
Hachette. Malgré le succès qu'ont connu leurs recherches,
le couple Dieulafoy ne peut obtenir des autorités françaises
un nouvel ordre de mission, les négociations avec les autorités
persanes n'ayant pu déboucher sur un accord.
------Jane publie en 1890, son premier
roman historique Parysatis (Hachette) qui vaut
à son auteur la consécration de l'Académie française.
A la demande de Camille Saint-Saëns,
elle en rédige un livret et la première de cet opéra
a lieu le 2 août 1902 dans les arènes de Béziers.
Du 2 au 13 juin 1891, Le Temps fait paraître
en feuilleton une de ses nouvelles Rose d'Hatra.
Celle-ci est reprise en volume dans Rose d'Hatra et
l'Oracle chez A. Colin (1893). Toujours chez ce même éditeur,
elle donne Volontaire 1792-1793 en 1892 puis,
en 1894, Frère Pélage. Son dernier
roman paraît en 1897, Déchéance
mais son échec est tel que Jane ne se consacre plus qu'à
la littérature de voyage et aux études historiques.
------Dès 1889, ils ont la certitude
qu'ils ne repartiront plus en Perse, ils se tournent alors vers l'Espagne
et effectuent près de vingt-trois séjours entre 1888 et
1914. Jane présente les provinces espagnoles visitées
dans deux essais Aragon et Valence (1901) et
Castille et Andalousie (1908) chez Hachette qui
servent plus tard de toile de fond à sa grande biographie d'Isabelle
la Grande, ouvrage posthume paru en 1920. Au cours de cette vie
parisienne quelque peu forcée, elle devient une fidèle
du salon de la comtesse Diane de Beausacq
et se lie d'amitié avec Pierre Loti,
Juliette Adam (1836-1936), Myriam
Harry (1869-1954). Elle cosigne, en 1900, avec son mari Le
Théâtre dans l'intimité qui rassemble les
pièces jouées lors des réceptions qu'ils donnent.
A partir de 1903, elle tient la rubrique quotidienne de politique étrangère
" Ce que l'on dit de nous " dans le
Figaro. Elle accepte de devenir présidente du premier
jury du prix Vie Heureuse, en 1904. Deux ans plus tard, elle traduit
de l'espagnol le roman de Fray Louis de Léon,
L'Epouse parfaite.
-----Consciente de l'imminence de la guerre,
Jane milite de 1913 à 1914 pour l'insertion des femmes dans l'armée.
Elle s'embarque, en 1914, pour le Maroc afin de suivre son mari, affecté
à Rabat au poste de colonel du génie. Sur place, elle
dirige les travaux de déblaiement de la mosquée Hassân.
Le couple Dieulafoy a projet d'explorer la ville romaine de Volubilis
quand la santé de Jane décline au point qu'elle doit être
rapatriée en France. Elle s'éteint le 25 mai 1916 au domaine
de Langlade (Toulouse).
------Jane Dieulafoy doit également
sa grande popularité au costume masculin qu'elle choisit très
tôt de porter. Ainsi en 1870, pour suivre son mari, capitaine
du génie, elle adopte l'uniforme de franc-tireur. Le Paris de
la Belle Epoque s'amusa de ce goût vestimentaire car dans un numéro
des Bouffes-Parisiens de mars 1908, où le jury Fémina
est ridiculisé, il est question d' " un p'tit vieux,/ C'est
très curieux,/ Qu'on nomm' chez moi,/ J'sais pas pourquoi,/ Mam'Dieulafoy
". (Maurice Boissard, " Les
Théâtres ", Mercure de France du 16-III-1908).
uvres
-
La
Perse, la Chaldée, la Susiane :
Paris : Hachette : 1887 : cote BNF : FOL-O2H-404
-
A
Suse, journal des fouilles 1884-1886 : Paris, Hachette : 1888
cote BNF : FOL-O2H-432
(réédité en 1990 sous le titre : En
mission chez les Immortels : journal des fouilles de Suze, 1884-1886)
cote BNF : 8-O2H-1858
-
Conférences
faites aux matinées classiques du Théâtre national
de l'Odéon : Paris : A. Crémieux : 1889-1906
: cote BNF : 8-YF-439
-
Parysatis
: Paris : Hachette : 1890 cote BNF : 8-Y2-43909
-
Volontaire
1792-1793 : Paris : Colin : 1892 cote BNF : 8-Y2-46263
-
Rose
d'Hatra et l'Oracle : Paris : Colin : 1893 cote BNF : 8-Y247513
-
Frère
Pélage : Paris : Lemerre : 1894 cote BNF : 8-Y2-48688
-
Conférence
sur les fouilles de Suse : Rouen : L.GY : 1897 cote BNF : 4-O2H-489
-
Déchéance
: Paris : Lemerre : 1897 cote BNF : 8-Y2-50476
-
Aragon
et Valence : Paris : Hachette : 1901 cote BNF : 4-OL-1483
-
Parysatis,
drame lyrique en 3 actes et 1 prologue : Béziers : 1902
: cote BNF : FOL-YF PIECE-20
-
L'Epouse
parfaite (traduction) : Paris : Bloud : 1906 cote BNF : D-85855
-
Castille
et Andalousie: Paris : Hachette : 1908 cote BNF : 4-OL-1709
-
Isabelle
la Grande : Paris : Hachette : 1920 aucun exemplaire localisé
Notice réalisée
à partir de la biographie Jane Dieulafoy, une
vie d'homme d'Eve et Jean Gran Aymeric (Perrin, Paris, 1991).
Ouvrages
sur Jane Dieulafoy
-
F.
Desplantes : Une exploratrice, Mme Jane Dieulafoy,
Rouen, Mégard, 1889, 95 p.
-
E.
et J. Gran-Aymeric : " Jane Dieulafoy. Les grands
Archéologues ", Archeologia : n°189 (avril
1984), pp. 77-81.
-
E.
et J. Gran-Aymeric : " Jane Dieulafoy: une vie
d'homme, Paris, Perrin, 1991, 324 p.
-
Chantal
Edel: "Madame Dieulafoy, reporter en culotte",
Touring n° 938 (septembre 1981), pp.19-22.
© Nelly Sanchez
|
|