Revenir aux notices biographiques

Dentu, Edouard, Henri, Justin



-------Né à Paris (10e Arrondissement) le 21 octobre1830. Mort à Paris (16e Arrondissement) le 13 avril 1884
Edouard Dentu descendait par sa mère d'Antoine-Louis Lefebvre de Caumartin, marquis de Saint-Ange, prévôt des marchands de Paris de 1778 à 1784, dont il était l'arrière petit-fils et, par son père, d'une lignée de libraires-éditeurs, dont le premier fut son grand-père, Jean Gabriel Dentu, qui installa sa librairie dans les galeries de bois du Palais Royal en 1794. Ce dernier, royaliste convaincu, fut avec Martainville, le fondateur du Drapeau Blanc, auquel Nodier et Lamennais collaborèrent. Le père, Gabriel-André Dentu, royaliste encore plus intransigeant, fut emprisonné à plusieurs reprises, sous la Monarchie de Juillet. Lorsqu'il hérita de la maison d'édition, après 1848, tout en poursuivant la propagande royaliste et ultramontaine, Edouard Dentu sut mettre de l'eau dans son vin… Ainsi, entre 1850 et 1860, il publia près de six mille brochures dont l'éclectisme sembla être devenu la ligne directrice de la maison. On y rencontrait les noms de Falloux, Michelet, Louis Blanc, Girardin, Montalembert, Quinet, Auguste Barbier, sans oublier Proudhon, son ami, dont Dentu édita les derniers écrits. En outre, il prit la direction de la Revue Européenne de 1859 à 1862.
Mais c'est la littérature qui allait être au centre de l'activité du très officiel " libraire de la Société des gens de lettres ", celui-là même qui avait eu le bonheur dans sa jeunesse d'approcher fréquemment Chateaubriand et, plus encore, Auguste Barbier, son subrogé-tuteur. Malheureusement, le catalogue de la maison accueillit le meilleur comme le pire. Parmi tant d'autres, on y relevait les noms de Gaboriau, Montépin, Theuriet, Goncourt, Claretie ou encore Pierre Véron.
Marié à Laure Faure Decamps, l'une des filles du peintre Alexandre Decamps, Dentu fit bon accueil aux artistes de son temps dans sa maison de la rue de Boulainvilliers.
A partir de 1879, il présidera le dîner mensuel des Gens de Lettres, fondé par le baron Taylor, qui deviendra rapidement le Dîner Dentu, dont les principaux convives étaient alors Camille Doucet, Paul Féval, Emmanuel Gonzalès, Hector Malot, Fortuné du Boisgobey, Élie Berthet, Ferdinand Fabre, Jules Claretie, André Theuriet etc.
Débonnaire, abonné aux mondanités et aux symposiums en petit comité dans sa librairie, il avait laissé l'essentiel du travail d'édition aux bons soins du principal employé de la librairie, nous dit Emile Blavet, un nommé Sauvaître, qui demeura quarante ans dans cet établissement.

Sources :

  • Frédéric Gilbert, Le Gaulois du 14 avril 1884
  • Parisis (Emile Blavet), Le Figaro du 14 avril 1884
  • Article non signé, Le Temps du 15 avril 1884
  • Article non signé, Le Voleur du 1er mai 1884
  • Jules et Edmond de Goncourt, Journal

©G.Picq