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Camille Delaville
(pseudonyme de Françoise Couteau née Chartier)
1838-1888


Source iconographique : Silhouettes parisiennes d'Olympe Audouard,
1883, Paris : Marpon & Flammarion

 

-----Fille unique d'un riche changeur et d'une élève d'Horace Vernet, Camille Delaville s'est très tôt intéressée à l'écriture. C'est à la suite de sa séparation d'avec son mari que débute sa carrière de femmes de lettres. Elle écrit La Loi qui tue (1875), roman d'inspiration autobiographique, dans lequel elle conte ses déboires conjugaux, ses démêlés avec la justice et la confiscation de sa fortune, désormais placée sous le contrôle d'un conseil judiciaire. Forte de ce succès de librairie, elle donne des articles au Grand Journal, au Soleil puis multiplie les collaborations : elle signe sous divers pseudonymes (Pierre de Chatillon, Bisbille, Adèle de Chambry…) dans Le Gaulois, La Presse, L'Événement ou encore, en 1883, dans Le Papillon d'Olympe Audouard. Elle participe également aux Matinées espagnoles, revue européenne dirigée par Mme de Rute. En 1887, au Constitutionnel elle tient la rubrique " Mes Contemporaines ". Elle y évoque des femmes hors du commun, comme la remuante Mme Astié de Valsayre, qui entendait ouvrir des salles d'escrime pour femmes, ou le docteur Madeleine Brès

Par deux fois, Camille Delaville fonda son propre journal : d'abord Le Passant, en 1882, qu'elle finança et dirigea pendant vingt numéros. Parmi les collaborateurs se trouvaient Arsène Houssaye, Camille Flammarion, Catulle Mendès, Anaïs Ségalas et Rachilde. En 1886, elle lança La Revue verte qui ne vécut guère plus longtemps : seize numéros. Elle y associa des frères Bertrand, Georges de Peyrebrune, Alexandre Parodi, Léo d'Orfer… Outre ses nombreuses chroniques, l'œuvre de Camille Delaville compte quelques recueils de nouvelles et des romans : Les Trois criminelles (1876), Les Amours de Madame de Bois-Joly, La Tombe qui parle, Le Cas du Premier président, Les Bottes du vicaire (1884). Tous ces écrits ont d'abord paru en feuilleton dans les journaux auxquels elle collaborait. Ainsi La Femme jaune, son dernier roman édité en 1886, a commencé par passionner les lecteurs du Gaulois au début des années 1880.

Si Camille Delaville connut une notoriété certaine grâce à ses chroniques et à ses écrits romanesques, elle fut aussi célèbre sur la scène parisienne pour avoir été, selon la rumeur, l'un des derniers secrétaires d'Alexandre Dumas père. Bien que cette information soit difficilement vérifiable, les nombreuses conférences que cette femme de lettres fit au sujet des deux Dumas, ainsi que sa présence auprès de maîtresse (Olympe Audouard) et d'amie (Mme de Rute) d'Alexandre Dumas père tend à prouver qu'elle fit partie de son cercle d'intimes. Avéré ou non ce prestige attira à ses vendredis et ce, jusqu'à la fin de sa vie, toute la jeune génération littéraire : Rachilde, Albert Samain, Jules Boissière

Oeuvre :

  • Les Bottes du vicaire : Paris : Marpon & Flammarion : 1884 : cote BNF : 8°Y2 6834
  • La Femme jaune : Paris : Librairie des bibliophiles : 1886 : cote BNF : 8°Y2 8963
  • La Loi qui tue : Paris : Amyot : 1875 : cote BNF : Y2 26 400
  • Trois Criminelles : Paris : Amyot : 1876 : cote BNF : 8°Y2 128
  • Mes Contemporaines. Première série. Préface de Henri Des Houx : Paris : Sévin : 1887 : 8° G 5743

Dr. Nelly Sanchez


Cette notice s'inspire des Lettres de Camille Delaville à Georges de Peyrebrune (1884-1888), annotées et commentées par Nelly Sanchez. (ce titre est disponible en libre accès sur le site du CNRS (UMRS 6365) Correspondances et Journaux intimes des XIXe et XXe siècles (Brest, France) sur www.ccji.cnrs.fr)