-----Charles-Maurice
Couyba est né le 1er janvier 1866 à Dampierre-sur-Salon
en Haute-Saône.
Agrégé de l'enseignement spécial (section littéraire),
licencié ès lettres et licencié ès histoire
, il collabore en tant que journaliste au Gil Blas,
à L'Evénement et à La
Revue bleue. Son parcours lie ensuite très étroitement
les voies politiques et artistiques.
En
1895, il devient conseiller général de Haute-Saône,
puis, en 1897 député de l'arrondissement de Gray. Réélu
en 1898, 1902 et 1906, il siège au groupe de la gauche radicale
et s'occupe surtout des questions littéraires et artistiques.
A ce titre, il est à plusieurs reprises rapporteur du budget
de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts devant la Chambre. En 1907,
il entre au Sénat où il fait partie de la gauche démocratique.
Ministre du commerce dans le gouvernement Caillaux
(1911-1912) puis ministre du travail dans le gouvernement Viviani
(1914), il demande et obtient la création de la bourse
nationale de voyage littéraire.
Plusieurs ouvrages témoignent de l'intérêt qu'il
porte à l'enseignement en général, à celui
des disciplines artistiques en particulier :
- Classiques et modernes, la réforme de l'enseignement
secondaire, Flammarion, Paris, 1901
- L'Art et la démocratie : les écoles,
les théâtres, les manufactures, les musées, les
monuments, Flammarion, Paris, 1902
- Les Beaux-Arts et la nation, Hachette, Paris,
1908
- Le Parlement français, H.Laurens, Paris,
1914
En 1926, après des revers électoraux, il succède
à Eugène Morand à
la direction de l'Ecole nationale des arts décoratifs, poste
qu'il occupera jusqu'à sa mort, le 18 novembre 1931, à
Paris. Parallèlement,
sous le pseudonyme de Maurice Boukay, il
est poète et chansonnier. Son projet artistique l'amène
d'ailleurs à faire paraître une revue idéaliste,
Le Cur,
en collaboration avec A. de La Rochefoucauld et
Jules Bois. Il est du groupe du Chat
Noir. Il donne:
- Chansons d'amour, préface de Paul
Verlaine, Dentu, Paris, 1893
- Chansons rouges, Flammarion, Paris, 1893
- Nouvelles Chansons, rêves, joies, regrets,
préface de Sully-Prud'homme, Flammarion,
Paris, 1895
- La Chanson des mois pour la jeunesse, Larousse,
Paris, 1913
Le 9 avril 1916, son Hymne arménien sera
donné dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne
à l'occasion d'une manifestation sous la présidence de
Paul Deschanel, Hommage à l'Arménie,
organisée à la suite du génocide.
Il s'essaie aussi à l'écriture théâtrale
avec :
- L'Escholier et l'étudiant, saynète infernale,
jouée au Casino des arts de Lyon, le 23 mars 1890 et publiée
aux éditions A.Pastel, Lyon, 1890
- Françoise, drame lyrique en quatre actes
dont il compose le livret, musique de Ch.Pons,
donné au Grand Théâtre de Lyon en novembre 1913,
publié aux éditions Joubert, Paris, 1913
- Panurge, farce musicale en trois actes, musique
de Jules Massenet .
----Homme
politique tout autant qu'artiste, il s'est engagé dans le mouvement
pour le théâtre populaire qui se développe à
l'aube du vingtième siècle. Le 6 juillet 1901 , il expose
à la Chambre des députés un projet de théâtre
populaire parisien qui s'installerait au Châtelet et où
il propose de mettre à la portée de tous une culture qui
ne s'organise pas en système de valeur. " Cendrillon de
la littérature populaire ", la chanson y aurait été
programmée à part égale avec " ses grandes
surs, la comédie et la tragédie ", l'opéra
et l'opéra-comique, les concerts ou " les projections lumineuses
et colorées ". En effet, disait-il, " il n'est pas
juste que le pauvre, déjà écrasé par toutes
les iniquités fiscales et sociales continue à payer pour
la grande joie du riche. Il n'est pas juste que l'Etat et les artistes
officiels se désintéressent de l'éducation artistique
de ceux qui les font vivre et qui leur procurent gloire et profit ".
En 1903, il appartient au comité de personnalités qui
encourage le Théâtre Populaire qu'Emile
Berny fonde le 19 septembre dans l'ancien café-concert
des Folies-Belleville à Paris. En 1911 et 1912, il apporte son
soutien au Théâtre National Ambulant, entraîné
sur les routes du nord et de l'est de la France par Firmin
Gémier qui sera le premier directeur du TNP, cinquième
scène nationale.
Président d'honneur de la Société des auteurs et
compositeurs de musique, il fut aussi président de l'Art à
l'école et de la Maison de la poésie.
Sources
: Dictionnaire de biographie française, sous la direction de
Roman d'Amat, Letourzey et Ané, Paris, 1961 - catalogue Opale-Plus
de la Bibliothèque nationale de France - Archives de l'Assemblée
nationale - La Revue d'art dramatique - Comoedia.
Notice établie dans le cadre des recherches universitaires de
Catherine Faivre-Zellner (Firmin Gémier, héraut
du théâtre populaire, Doctorat d'Etudes Théâtrales,
université Paris III Sorbonne Nouvelle) à partir desquelles
deux ouvrages sont en cours de publication. Aux sources précédemment
citées s'ajoutent les recherches entreprises dans divers fonds
au Département des arts du spectacle, Bibliothèque nationale
de France.
©
Catherine Faivre-Zellner