Signataires de la pétition contre la condamnation de Tailhade suite à son article du Libertaire du 22 au 29 septembre 1901, intitulé " le Triomphe de la Domesticité ".

Karl Boès mit la revue La Plume au service de la défense de Tailhade en diffusant le 11 octobre 1901 le texte d'une protestation ainsi libellé:
" Mon cher confrère,
Une grave condamnation vient d'être prononcée par les juges de la 9e Chambre contre notre confrère, Laurent Tailhade.
Pour un écrivain, la liberté de penser ne saurait se comprendre sans la liberté d'écrire.
Nous vous demandons donc très instamment de protester avec nous contre cette atteinte à la liberté de penser...
Les soussignés, écrivains et artistes, ne jugeant pas l'article incriminé mais agissant au nom des droits de la Pensée, protestent énergiquement contre la condamnation de leur confrère Laurent Tailhade". (1)

Nous donnons ici une sélection de signatures de protestataires relevées dans La Plume du 1er novembre 1901, dans La Raison des 10 et 24 novembre suivants et sur un manuscrit émanant des bureaux de La Plume conservé à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet (2) :

"Paul Adam, Alphonse Allais - qui ajoute: "ci-contre et de grand coeur, mon cher Boès, ma signature"- Alfred Athys, Marcel Batilliat, Henry Bauër, Maurice Beaubourg, André Beaunier, Julien Benda, Lucien Besnard, Jules Bois, Marcel Boulenger, Paul Brulat, Alfred Bruneau, Jean Carrère, F.-A.Cazals, Victor Charbonnel, Alexandre, Armand et Gustave Charpentier, Elisée Crémieux, Henri Dagan, Henry D.Davray, Léon Deffoux, Lucie Delarue-Mardrus, Paul Delesalle, Eugène Demolder, Lucien Descaves, Henry Detouche, Léon Dierx, Jean Dolent, Dubois-Desaulle, Edouard Dujardin, Félicien Fagus, Elie Faure, Félix Fénéon, André Fontainas, Paul Fort, Urbain Gohier, Remy de Gourmont, Jean Grave, Henry de Groux, Hermann-Paul, André-Ferdinand Herold, Clovis Hugues, Henri Ibels, Alfred Jarry, Lucien Jean, Frantz Jourdain, Gustave Kahn, Gérard de Lacaze-Duthiers, Albert Laisant, Léopold Lacour, Ernest La Jeunesse, Maurice Le Blond, Marius-Ary Leblond, Camille Lemonnier, Henri Le Sidaner, Lhermitte, Lugné-Poe, Maurice Maeterlinck, Léon Maillard, Charles Martel, Charles Malato, docteur Mardrus, Paul et Victor Margueritte (qui accompagnaient leur signature d'une lettre d'explication), Marinetti, Jeanne Marni, Camille Mauclair, André Maurel, Franz Melchers, Catulle Mendès, Stuart Merrill, Paul Meurice, Octave Mirbeau, Albert Mockel, Pierre Monatte, Eugène Monfort, Gabriel Mourey, Léonce (Fernand) Pelloutier, Charles Louis-Philippe, Emile Pouget, Xavier Privas, Pierre Quillard, Yvanhoé Rambosson, Jean Reibrach, Jules Renard, Adolphe Retté, Léon Riotor, Jean Rodes, Paul-Napoléon Roinard, Amédée Rouquès, Nelly Roussel, Saint-Georges de Bouhélier, Saint-Pol Roux, Albert Saint-Paul, Charles Saunier, Robert Scheffer, Séverine, Paul Souchon, Gustave Tery, G.Timmory, Gabriel Trarieux, Pierre Trimouillat, Octave Uzanne, Félix Vallotton, Emile Verhaeren, Pierre- Eugène Vibert, Paul Vigné d'Octon, André Wisner, Emile Zola ...

Suivaient les signatures de Karl Boès, directeur deLa Plume, de Jean Finot, directeur de la Revue, d'Alfred Natanson, directeur de La Revue Blanche et du Cri de Paris et d'Alfred Vallette, directeur du Mercure de France.
La Plume précisait que cette protestation adressée aux principaux journaux de Paris, à l'Agence Havas et à l'Agence Nationale avait été boycottée par ceux-ci. De sorte que d'autres signatures probables n'avaient pu encore se manifester.

Enfin nous reproduisons ici le morceau d'humanité débité par le peintre orientaliste Léon Gérôme : "J'estime que la neuvième chambre a été d'une indulgence coupable envers M. Tailhade, qui engage les autres à l'assassinat, mais qui n'a pas le courage d'assassiner lui-même. Je l'aurais condamné à 10 ans de prison et à 10 ans d'interdiction de séjour".

Achille Essebac répondra avec beaucoup d'esprit à cet épanchement dans La Plume du 15/11/1901:
" Il convient de féliciter les juges de la Neuvième Chambre.
Ils auraient pu, exerçant la profession de peintre, traîner leur toque à travers un Orient désormais de pacotille pour nous infliger des "Rues du Caire" dont Grenelle a gardé la mémoire ou nous montrer des Eunuques et des Mamamouchis dont ils se fussent assimilé la molle mentalité et l'atavisme féroce.
Ils n'exercent que la profession de juges...".

(1)- Bibl.litt.J.Doucet MNR ß1895.
(2)- Idem.